A la conquête de nouveaux marchés
Montée en puissance de l'export et implantations dans de nouveaux pays, les semenciers repoussent leurs frontières « géographiques ».
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Le maïs est l'un des plus beaux fleurons de la France en semences à l'export. « Les semenciers vendaient déjà depuis plusieurs années aux alentours de 950 000 t de semences de maïs en France, et entre 1,3 Mt et 1,5 Mt hors de France, précise Philippe Silhol, chef du service économique et statistique au Gnis. Mais cette année, les exportations qui se sont élevées à 494 M€, ont aussi dépassé les ventes en France (474 M€) en valeur. Ce qui signifie que le prix de vente moyen hors de France a augmenté. » « Conséquence de ce dynamisme des ventes pour les agriculteurs, la mise en place d'un plan record de production de semences de maïs, à 68 500 ha en France », précise l'Union française des semenciers. Du côté des entreprises, l'activité progresse aussi fortement. Vivadour, par exemple, a vu ses surfaces de production de semences faire un bond de 30 % cette année.
Les atouts des terroirs français
Si un groupe international comme Limagrain, avec un chiffre d'affaires de 1,784 milliard d'euros et des filiales dans trente-huit pays, réalise 68 % de son CA hors de France, des entreprises de taille intermédiaire ont désormais aussi une activité hors de l'Hexagone nettement plus importante que celle réalisée en France. Chez Euralis, notamment, les ventes en France ne représentent plus qu'un tiers du chiffre d'affaires semences de la coopérative 34,5 M€ sur 106 M€. Même constat chez Maïsadour semences (33 M€ pour un chiffre d'affaires total de 105 M€) ou encore chez RAGT semences où les ventes en France assuraient au cours du dernier exercice à peine la moitié du chiffre d'affaires total (90 M€ pour 189 M€).
Les potagères et les florales bénéficient aussi de cet engouement pour les semences « made in France ». « Plus des trois-quarts (77 %) des semences que nous produisons, sont destinées à l'exportation, et cette activité est en progression constante depuis une dizaine d'années, souligne David Antier, responsable production chez Terrena, coopérative qui a vu son chiffre d'affaires semences potagères doubler au cours des cinq dernières années. Les espèces qui sont le plus demandées sont les petits pois, le persil, les betteraves, les choux, le céleri, les carottes... et la part des hybrides est de plus en plus importante, ce qui nous permet une meilleure valorisation de nos semences. » Pour lui, le point fort de l'Anjou est son climat, la sécurité vis-à-vis de l'approvisionnement en eau, et la grande technicité des agriculteurs multiplicateurs.
Les plants de pommes de terre français tirent aussi très bien leur épingle du jeu à l'international. « Nous venons de terminer la campagne 2011-2012, avec un solde de la balance commerciale excédentaire record à 43,7 M€, souligne Catherine Dagorn, secrétaire générale de la section pommes de terre au Gnis. Alors que le précédent record datait de l'an dernier et que nous pensions à l'époque devoir attendre un bout de temps avant de pouvoir le battre. » Si la Bretagne est traditionnellement un terroir pour les exportations de plants, le Comité Nord voit également ses surfaces de contrats de production de plants augmenter chaque année, notamment pour le compte d'obtenteurs hollandais.
S'implanter à l'étranger
Le développement des semences à l'international repose à la fois sur l'exportation de semences, depuis la France, mais aussi sur des partenariats et des implantations à l'étranger. Cet été, Florimond Desprez et Axéréal ont annoncé la création d'une société commune en Hongrie, Isterra, pour les marchés hongrois, slovaque, roumain, bulgare et de l'ex-yougoslavie. Secobra met aussi les bouchées doubles à l'international. Le sélectionneur français compte à son capital, depuis 2008, la coopérative allemande Baywa en plus de Vivescia, Malteurop, Soufflet, Malteries Soufflet et Carlsberg. Il a également racheté le sélectionneur de blé allemand Schweiger et vient de recruter deux nouveaux responsables développement, un en Russie et un en Argentine. « Nous étions déjà présents sur les marchés d'Amérique du Sud depuis quelques années à partir de la France, précise Florent Cornut, responsable développement et marketing. Puisque les activités se développent, nous avons choisi de disposer directement d'une antenne sur place. Si nous investissons à l'étranger, c'est à la fois pour accompagner le développement de nos actionnaires dans les différents pays, mais aussi pour mieux amortir nos investissements dans la recherche. »
Limagrain, de son côté, part à la conquête de l'Amérique du Sud et investit en Inde et en Chine. Le groupe allemand KWS vient de reprendre deux semenciers maïs au Brésil, Semilia Genetica E Melhoramento et Delta Pesquisa E Sementer et a passé un accord avec un troisième, Riber Sementes. Notons, par ailleurs, que Syngenta vient d'annoncer sa décision de construire une usine de production de semences hybrides en Russie. Caussade Semences s'est doté, depuis 2009, coup sur coup de filiales en Italie, Roumanie, Hongrie, Bulgarie, Pologne, Serbie, aux Pays-Bas et en République Tchèque et vient de créer, cette année, Caussade Afrique Moyen-Orient. Barenbrug, pour sa part, a annoncé le rachat du semencier Seedmark en Australie.
Repousser les limites géographiques de son territoire, c'est aussi investir en dehors de sa région. C'est la démarche de Benoist Sem (Agrial) de Bonnetable, dans la Sarthe, intéressé par la reprise de Laboulet, en Picardie. Mais aussi repousser les limites de son métier d'OS et l'étendre aux semences. Dans le Sud-Ouest, neuf coopératives viennent de s'associer aux trois coopératives initialement présentes au capital de Caussade semences, pour reprendre la totalité de l'entreprise semencière. Et dans la Somme, Noriap et Ucara viennent de créer ensemble Semences fourragères de Picardie.
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